La Miviludes n’est pas un observatoire

La Miviludes n’est pas un observatoire

Dans ses recommandations relatives à la tolérance religieuse dans une société démocratique, le Conseil de l’Europe préconise depuis des années à la France de se doter d’un Observatoire impartial pour étudier l’évolution des religions. Le rôle d’un tel Observatoire étant de recueillir sur les nouvelles religions des statistiques fiables, d’encourager les travaux scientifiques, d’informer avec impartialité les pouvoirs publics et la presse, de conseiller les parents ou les anciens fidèles, de servir d’instance de médiation en cas de conflit.

L’union européenne compte une dizaine d’Observatoires de ce type, tous indépendants, financièrement et statutairement, des Églises qu’ils étudient. La France ne dispose toujours pas d’Observatoire. La Miviludes n’est pas un Observatoire. C’est un outil politique qui non seulement interfère dans le processus judiciaire mais en outre fait régner un climat de confusion et de discrimination fondé sur la méconnaissance volontaire du terrain.

Or, en matière de liberté fondamentale comme celle de religion, il est impossible de stigmatiser une religion sur le fondement du principe de vigilance. Cela viole le principe de neutralité et d’impartialité de l’Etat. En effet, seul un trouble public avéré permet à l’Etat d’intervenir, et encore ne peut-il que contrer ce trouble spécifique. Il n’est pas dans son droit de lutter, de manière générale, contre un mouvement religieux afin d’empêcher son développement.

L’Etat français n’a de cesse de rappeler qu’il respecte l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen disposant que nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi…il en résulte que les membres de minorités religieuses comme les Témoins de Jéhovah ou ceux de l’Eglise de Scientologie jouissent comme tout citoyen des droits garantis par ce texte. Tout scientologue sait qu’il n’en est rien.

La nomination de M. Georges Fenech à la tête de la Miviludes ne fera que renforcer chaque jour un peu plus l’arsenal répressif vis-à-vis des minorités de conviction et place encore davantage la France en dehors de l’Europe occidentale, laquelle traite cette question de façon beaucoup plus pragmatique et sociétal. Pour s’en convaincre, il suffit de lire les préconisations du futur président présentées dans son rapport remis au Premier ministre.

Après l’accueil réservé au Dalaï-lama en tant que Chef spirituel du Bouddhisme tibétain et celui réservé au Pape Benoît XVI, tant par les pouvoirs publics que par la population, après avoir écouté les récents discours du Chef de l’Etat sur la laïcité positive, nous espérions que le pluralisme religieux était enfin accepté et intégré par nos institutions. Manifestement il n’en est rien. Quand bien même l’Eglise de Scientologie est reconnue comme Religion à part entière par le Conseil de l’Europe et par de nombreux pays à travers le monde, nos 100 000 paroissiens résidant sur le territoire français devront encore subir toute forme de discrimination étatique au quotidien s’ils font le choix d’affirmer leur foi.

Les spécialistes et défenseurs de la liberté de conscience proposent depuis longtemps de sortir la France de l’impasse dans laquelle le pays s’est engagé en prenant la mesure de la réalité du pluralisme religieux et en créant un véritable observatoire indépendant.

Combien de temps encore le gouvernement fera-t-il la sourde oreille ?

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