Des voix s’élèvent dans le pays

Des voix s’élèvent dans le pays

de L. Ron Hubbard
environ août 1972

Ron Hubbard : des voix s'élèvent dans le pays

Quand les choses vont mal, quand le public, incapable de discerner pourquoi, sombre dans une apathie où il ne perçoit plus, quand une culture, déjà fourvoyée, dérive de plus en plus vers la ruine, la nation est vraiment fortunée d’avoir des hommes possédant le génie de reconnaître l’approche du désastre et le courage de s’exprimer librement.

Combattus, discrédités, injuriés par un système aveugle aux mains d’une élite se désintéressant de toute destinée autre que celle de sa courte existence, les philosophes contemporains se voient appelés « révolutionnaires », « communistes », « agitateurs », « mécontents », « contestataires » et tout autre nom offensif que la presse captive et l’establishment arrogant, suffisant et aveugle peuvent trouver dans leurs dictionnaires.

Insouciants, sourds à toute raison, psychotiques dans leur « bon droit », les « piliers de la société », « les hommes sûrs », tout comme les béliers perfides d’un parc à bestiaux menant les moutons à l’abattoir, refusent d’entendre la moindre critique de leur inconscience. Ils se défendent avec une férocité sournoise et s’efforcent, par n’importe quel moyen calomnieux, de faire taire toute pensée nouvelle.

Pourtant une nation devrait être mise en garde. Dans les temps de déclin, lorsque l’on peut entendre – faible encore, mais gagnant en volume – la marche funèbre du système, des vois s’élèvent dans le pays.

Le système, l’establishment, le gouvernement, appelez cela comme vous le voudrez, consiste en une entité qui possède en elle-même tout l’égoïsme bien-pensant des décennies passées. C’est une accumulation de « jadis » et l’héritier de toutes les erreurs, solutions opportunistes et également d’un autre âge.

Des hommes y naissent afin de perpétuer sans réfléchir la « tradition » (et les privilèges) de ses dirigeants.

Des hommes en meurent, noms honorés sur des pierres tombales et des plaques de rue, dont la réputation ne tenait à rien de remarquable, si ce n’est à leur dévouement borné et stupide au gouvernement du plus grand nombre pour une poignée au profit de la clique.

Dans une « démocratie » régie par les partis, les possessions et ressources de l’État deviennent un prix que le vainqueur d’une élection remporte à intervalles établis. La victoire politique est l’occasion de profiter du butin pendant une période déterminée. Le système est une prostituée dont les faveurs sont gagnées par un nouveau titulaire au moyen d’une « élection populaire ». Mais d’une certaine façon, chaque gagnant n’est qu’une pièce de la même machine.

Tant que cela profite à l’élite, qui se soucie des conséquences qui s’empilent ? Le « prochain régime » peut s’en charger. Il suffit simplement que le système se perpétue et que les titulaires de poste du moment puissent s’assurer de faveurs pour eux-mêmes et pour leurs amis.

Qu’il s’agisse d’une monarchie, d’une aristocratie, d’une oligarchie, d’une république ou d’une dictature militaire, le schéma devient identique.

Un système est établi au moyen de manigances, fausses promesses ou force, généralement en raison d’un danger pour l’État provenant d’une menace extérieure, réelle ou imaginaire. Il prend une certaine forme. Il se durcit. Il cesse de servir quiconque. Il est opportuniste. Il n’écoute plus aucune voix à part la sienne et ne croit plus qu’en ce qui sert les profits à court terme de ses dirigeants et de leurs amis. Il tyrannise. Il commence à succomber sous le poids de décisions opportunistes et de crimes insensés.

Et à un moment donné de son évolution, des voix commencent à se faire entendre pour protester et dénoncer.

Mais l’élite au pouvoir n’écoute que les mots éteints d’auteurs consacrés, morts depuis longtemps et donc sans danger, desquels on peut extraire excuses et « raisons » pour donner l’impression que les mesures prises par le système sont justes.

« George Washington a dit … » « Nos pères fondateurs… » « Selon Hegel, … » « Pavlov a déclaré… » « Disraeli… » « Alexander Hamilton a déclaré… » « …les bonnes vieilles méthodes… » « Ces agitateurs modernes… » « Des ignorants » « Des agents de l’ennemi » « …a fait de la prison, vous savez… » « Inacceptable… » « Les citoyens qui réfléchissent savent que c’est entièrement inspiré et payé par … » « La prison est le seul… » « Appelez la brigade anti-émeute… » « L’armée va … » « Arrêtez-les d’une autre façon. » « Il doit bien y avoir une loi[…] » « Les récentes découvertes de la police secrète… » « …désormais les déserteurs seront pendus… » « Peut-être qu’une autre guerre à l’étranger… » « Messieurs, je vous présente le Dr Kutzbrain. Je veux qu’il vous parle de sa nouvelle méthode pour traiter les mentalités hyperactives… »

Ayant refusé d’écouter les voix d’aujourd’hui, étiquetant chaque suggestion, question, remise en question ou idée de changement « subversive », « malavisée », « farfelue », « inspirée par l’ennemi », la vieille garde finit par faire entendre son requiem.

« au moins nous pouvons mourir dans la dignité… »

La roue effectue sa longue révolution. De nouveaux visages apparaissent sur les panneaux politiques, de nouvelles paroles se font entendre aux bulletins officiels du jour.

Si un système pouvait écouter, s’il y avait quelqu’un à qui parler, si l’indifférence n’était pas de règle, si les hommes responsables ne se vouaient pas d’une manière si exclusive à leurs propres intérêts, insensibles aux souffrances d’autrui, alors on pourrait engendrer, au lieu d’une révolution, une évolution politique passant par des paliers plus sains.

Aujourd’hui, le cycle est déjà bien avancé. L’establishment ne prête guère attention aux préoccupations de notre époque, il est aveugle aux conséquences de l’erreur, il est négligent dans son aveuglement, et les responsables – du moins pour la majeure partie du public – ont davantage l’air de fous au pouvoir que de leaders de la destinée publique.

Mais il est encore temps. Si ceux qui ont de l’influence et de l’autorité voulaient écouter, quelque chose pourrait être fait avant qu’il ne soit trop tard.

Car des voix s’élèvent dans le pays, des voix de sagesse, des voix qui montrent un chemin vers une destination autre que la longue fosse commune où les anciens régimes sont enterrés, généralement sans la moindre pierre tombale, et avec pour tout honneur une tache noire dans le livre d’histoire de la prochaine génération.