En date du 15 mars 2023
Dans le rapport d’activité 2021, publié sur son site Internet, la MIVILUDES a consacré
plusieurs pages et commentaires à l’Église de Scientology.
L’Eglise est péjorativement qualifiée de « multinationale de la spiritualité ». Il est vrai que,
comme beaucoup d’autres religions, l’Eglise de Scientology a une dimension internationale :
ses fidèles sont présents dans plus de 150 pays à travers le monde. Mais quelle est donc la
différence avec d’autres religions tels que le Catholicisme, l’Islam, ou encore le Bouddhisme,
par exemple ? Pourquoi l’Eglise de Scientology fait-elle l’objet d’un traitement différencié
en étant affublée d’une désignation à connotation commerciale, alors que de nombreux
pays, en Europe et dans le monde, reconnaissent qu’elle est une religion comme une autre ?
Pour justifier l’inclusion de notre Eglise dans le rapport d’activités, la MIVILUDES avance
en pages 35 et 38 le chiffre de « 33 saisines » reçues en 2022 au sujet de l’Eglise de
Scientology, sans que l’on ne sache rien du contenu de ces « saisines« , ni même de ce
concept opaque de « saisine » (une simple demande d’information concernant notre
Eglise constitue-t-elle une saisine ?).
Par ailleurs, chacun pourra apprécier le traitement spécial qui est réservé à l’Eglise de
Scientology dans le rapport d’activité, sans raison apparente : 33 « saisines » suffisent à
la MIVILUDES pour consacrer 4 pages de son rapport à l’Église de Scientology (pages 58 à
61 du rapport) et pour la mentionner 51 fois. C’est bien plus que tous les développements
cumulés consacrés à la mouvance chrétienne dans son ensemble (catholicisme, protestantisme et évangélisme), laquelle a pourtant fait l’objet… de 293 saisines ! Le rapport
d’activité témoigne ainsi d’une très curieuse conception du principe d’impartialité de
l’administration et de neutralité de l’Etat à l’égard des cultes.
Cette conception de la neutralité se retrouve dans les développements que la MIVILUDES
consacre à la doctrine religieuse de la Scientology qu’elle ne maîtrise manifestement pas.
Tout en reconnaissant que l’Eglise « obtint le statut de religion aux États-Unis en 1953, sous le nom d’Église de Scientologie« , le rapport se livre en effet à un exposé des plus approximatifs sur la doctrine et les pratiques de l’Eglise. La MIVILUDES commet ainsi des erreurs flagrantes, en prétendant par exemple que dans ses enseignements l’Eglise de Scientology continuerait à « se présenter comme une discipline scientifique et thérapeutique » (p.58), alors que l’Eglise indique toujours à ses fidèles que ses activités n’ont aucune prétention ni médicale, ni scientifique. Les Ecritures doivent être lues et pratiquées au regard du « principe fondamental en Scientologie… que l’Homme est un être spirituel » : la dimension et la vocation spirituelles de l’Eglise sont au cœur de notre religion.
Dans ces mêmes quatre pages, la MIVILUDES évoque aussi une prétendue « stratégie
de reconquête » de l’Eglise qui viserait à « s’implanter définitivement en France » (p.59).
Cette présentation, faite sur le ton qui se voudrait alarmiste, est purement et simplement fausse : depuis sa création en France en 1959, l’Eglise de Scientology a connu un
développement continu, lequel se manifeste par sa future installation dans un « immense
bâtiment à Saint-Denis » (p.59). Contrairement à ce qui est affirmé, ce ne sera ni un
« centre national« , ni un « centre européen« , mais un développement majeur de l’Eglise
de Scientology en Ile-de-France.
Si, à ce sujet, la MIVILUDES fait mention de l’annulation de l’arrêté municipal qui tentait
d’entraver les travaux nécessaires à l’ouverture du bâtiment, elle oublie de préciser que
l’État a aussi été condamné par la Cour Administrative d’Appel de Paris, en même temps
que la mairie (p.59).
Le rapport s’efforce de minimiser cette condamnation en indiquant simplement que
les autorités doivent se fonder « sur des considérations strictement légales et objectives,
sans aucun a priori péjoratif affiché vis-à-vis du mouvement« . C’est une manière pudique
de soigneusement éviter le fait que les juges administratifs ont condamné l’administration pour un détournement de pouvoirs commis au préjudice de l’Eglise, c’est-à-dire la
plus grave violation entachant l’action administrative. On ne peut que déplorer que la
MIVILUDES ne se désolidarise pas franchement d’agissements gravement attentatoires
à l’Etat de droit car le respect des lois fait partie du respect de la République et des
grands principes qui la fondent.
Le rapport poursuit en indiquant que « le groupe a intensifié ses actions de prosélytisme. Des “ministres volontaires” se sont multipliés dans plusieurs villes pour distribuer
des “carnets du bonheur”, parfois en installant des stands sur la voie publique sous le
slogan “On peut y faire quelque chose”« . Rien, dans cette présentation, ne suggère
une quelconque dérive sectaire : comme dans toutes les religions, les fidèles scientologues désirent faire connaître et partager leur religion avec autrui. Le prosélytisme
est parfaitement légal et inhérent à tout mouvement religieux. Il est d’autant plus
important pour les Scientologues que ceux-ci se heurtent régulièrement à des présentations dénigrantes de la part de l’Etat français, comme l’illustre le rapport d’activité
2021 de la MIVILUDES. Les ministres volontaires de l’Eglise de Scientology sont des
bénévoles qui se consacrent à aider leur prochain. Leur seule vocation est d’apporter
une assistance matérielle et morale à autrui quelles que soient les personnes et les
circonstances.
La MIVILUDES dit qu’elle « s’inquiète du manque de transparence du groupe qui semble
cibler des personnes fragiles » (p.59). Cette inquiétude est cependant dépourvue de toute
consistance et ne repose sur rien d’autre que de vagues spéculations. Cette affirmation
est en outre méprisante pour des dizaines de milliers de fidèles scientologues qui n’aspirent qu’à pouvoir exercer librement leur religion en France.
De la même façon, lorsque la MIVILUDES s’attache à critiquer « la diffusion de tracts dans
les boîtes aux lettres » ou encore des « cours en ligne gratuits » (p.59), on cherche en vain
où est la dérive sectaire.
Pour citer le rapport, l’Eglise soutient des « causes tout à fait nobles » non en « apparence »
mais dans la réalité. L’allégation selon laquelle l’Eglise « semble cibler des personnes fragiles, en souffrance, confrontées à des drames personnels ou à des questions existentielles » (p.59), est encore une fois une vue de l’esprit qui n’a aucune réalité : la Scientology est universelle et s’adresse à toutes et à tous, comme cela se reflète dans le profil des fidèles de par le monde, qui appartienne à toutes les catégories socio-professionnelles.
En guise du « manque de transparence » allégué (p.59), il suffit au public d’aller consulter les
nombreux sites Internet de l’Eglise de Scientology, sa chaîne de télévision, et la documentation qu’elle met librement à la disposition des gens pour se faire sa propre idée. Les lieux de culte de l’Eglise sont ouverts au public : chacun peut s’y rendre et observer par lui-même. En page 128 du rapport, est évoquée une BD dénommée « La Boîte à Bulles » présentée comme un « ouvrage, initialement paru en 2005, constitue le témoignage d’une “apostat” de l’Eglise de la Scientologie. Elle raconte son endoctrinement progressif qui l’a “laissée durablement meurtrie après son évasion”.
L’ouvrage est entièrement cautionné par la MIVILUDES car il fait partie des lauréats de
son appel à projet 2021. Le rapport tend à le crédibiliser en le présentant comme un
véritable « témoignage« , alors que rien ne permet de vérifier son authenticité. Que ce
récit émane réellement d’une ancienne fidèle ou non, son ton artificiellement dramatique, façon « thriller » digne d’un scénario hollywoodien a pour effet de porter atteinte
à la réputation et à l’image de l’Eglise, ainsi qu’au sentiment religieux de ses fidèles qui
ne se reconnaissent pas du tout dans ce récit. Ceci est d’autant plus dommageable que
le rapport revendique la large diffusion assurée à cet ouvrage avec la bénédiction d’un
organisme étatique.
Le rapport prétend aussi que « la vigilance de certains requérants a permis de contrecarrer
de potentiels captations de patrimoine par l’Église de Scientologie » (p.61). Outre le fait que
cette affirmation n’est étayée par aucune source mentionnée et qu’il est ainsi impossible
de savoir sur quels prétendus faits elle se fonderait, il faut mentionner que l’Eglise a ses
propres procédures de vigilance et qu’il est certain qu’elle n’a jamais eu vent d’une telle
affaire et n’y a été mêlée ni de près ni de loin.
Au final, force est de constater que le rapport ne mentionne aucune dérive constatée
qui serait liée à l’Eglise de Scientology.
Si la MIVILUDES prétend dans son discours qu’elle ne lutte pas contre les nouvelles
religions, mais uniquement contre leurs dérives, alors il est incompréhensible que
l’Eglise de Scientology figure dans son rapport d’activité.